Brigitte Martinet à l'Office de Tourisme :
Une peintre sans complexe mais une part de mystère...
Le plaisir de peindre l'emporte sur le
plaisir d'exposer ou plutôt
de s'exposer. Parce que Brigitte Martinet est à la fois pudique, dans
son rôle d'artiste, et tout à fait libérée quand
son pinceau -ou sa palette- est au service de ses pulsions créatrices.
Une peinture sans complexe mais qui retient
dans son style une part de mystère.
Cela vient sans doute, comme disait Gauguin, du fait qu'il se passe un grand
moment entre l'esquisse et le résultat sur le tableau.
Il y a le sujet qui naît d'un déclic. Un coup de cœur. Une
attitude, un mouvement, une réflexion auditive ou visuelle, et le désir
de fixer, d'arrêter cet instant. C'est l'esquisse !
L'artiste n'est pas encore en possession
des moyens dont elle dispose pour mener à bien l'œuvre picturale.
Avec le cadrage, les couleurs, la perspective, le rythme.
Le dessin, idée maîtresse a fait "les premiers pas".
Le résultat final peut être là au bout des doigts ou à des
années lumières. Question de talent.
Eh bien Brigitte Martinet a tout à la fois le talent -- qui ne s'apprend
pas -- et la maîtrise que l'on dit technique d'un art où l'intuition
et l'imagination se disputent le meilleur de la personnalité de l'artiste.
Après, c'est l'exposition ! Cette espèce de proposition timide
et osée, où l'on s'expose autant que ses tableaux; les cadres
sont l'habillage du moment, le prêt-à aimer d'un couturier
qui donne du relief aux modèles pour mieux séduire le visiteur.
Mais la peinture n'a pas de mode, elle n'a que des époques et des appellations
en... ismes. Et des maîtres incontournables. Des écoles aussi,
car il faut bien, un jour, apprendre.
On a fait les beaux-arts. Reste à pratiquer l'Art du beau. Pour le plaisir
des yeux et de l'esprit. Et de la mémoire. Une belle exposition ne s'oublie
pas. Un tableau est toujours unique s'il n'a qu'un Maître, son créateur.
Il ne manque même pas ... le relief
Brigitte
Martinet, qui sait que la chose la plus difficile à dessiner
est... un œuf (mais un œuf, ça porte bonheur, voyez Christophe
Colomb !) et qui est un peu (!) perfectionniste a besoin de vivre ses émotions
pour que l'œuf se délivre des lignes les plus pures à l'avantage
des couleurs et des contrastes qui devront nous ramener à l'essentiel.
"Le sujet m'intéresse mais c'est surtout ce que j'en fais".
Ainsi passerons-nous d'égal bonheur, des bouquets de fleurs aux paysages,
des natures (que l'on dit mortes) aux portraits et beaucoup d'autres choses
encore dans une atmosphère feutrée mais perpétuellement
en mouvement.
"Je suis capable de changer d'harmonie, dit encore Brigitte Martinet parce
qu'elle vient d'elle-même sur la toile en rapport direct (moi je dirai
magique) avec la précédente ".
Et puis il y a ces nus, ces portraits de femmes dont on dirait qu'ils sont
sculptés comme des modèles échappés d'un atelier
de Rodin pour donner aux toiles de Brigitte Martinet une dimension supplémentaire.
Le relief.
MARC PERRY
Courrier de Bourgoin-Jallieu du 20.11.98
L’univers épuré de
Brigitte Martinet
Je dédie cette, exposition à « Jeanne Gonon, artiste
pleine de talent et doyenne des élèves de l'école de l'OBPR
que j'aimais beaucoup et qui est décédée il y a peu ».
C'est en ces termes que Brigitte Martinet à ouvert le vernissage de
l'exposition qui illuminera les cimaises de l’office de tourisme
jusqu’au 11 décembre. Une trentaine d’huiles, une quinzaine
de croquis montrent une évolution certaine dans la technique appliquée
aujourd’hui par l’artiste berjalienne. Non pas un changement radical
mais une progression affirmée dans le trait.
« J'ai beaucoup travaillé dernièrement le croquis
pour la gestuelle afin de garder l'émotion du moment. J’ai également
beaucoup utilisé la calame, le fusain pour réaliser des croquis
rapides en saisissant le juste trait. A partir de ces croquis je peins donc
sur un support qui se rapproche plus de l'instant saisi. Globalement mon travail
s'inscrit dans une recherche de simplification, d'épuration qui m'emmène
vers l'abstraction »
Les initiés apprécieront. Mais que les habitués des paysages
du bleuté dominant de l'artiste soient rassurés. La palette est
toujours aussi riche, le bleu toujours la couleur préférée
de Brigitte Martinet. La lumière de Provence à encore apporté sa
touche supplémentaire de clarté sur la toile. Depuis un an, je
travaille dans mon petit atelier du Vaucluse. La lumière change énormément
et autorise un autre regard sur les paysages et les choses ».
De fait, les œuvres exposées éblouissent de toute leur
générosité par leur couleur, leur forme et la finesse
des traits. Incontestablement, un nouveau cap a été franchi par
l’artiste berjalienne, guidée à la fois par un talent naturel,
de la recherche et beaucoup de travail.
Dauphiné Libéré du 04.12.04